Monuments

L'Eglise

 mini plaq

Plaquette eglise de lingreville

 

LE LAVOIR DU MESNIL

Le Lavoir du Mesnil  a été construit par Mr Gaillardon, maçon et arrière grand père de Marie Leconte au début du 19ème siècle. A l’époque c’est le Baron d’Annoville, ancien propriétaire du château de Lingreville, qui a financé les travaux, et qui a fait don de ce bassin public à l’ensemble des habitants du village du Mesnil. Jusqu’à ce jour il a régulièrement été entretenu par les riverains.

lavoir

Ce lavoir était autrefois alimenté par une source située au Nord-est du bassin. L’eau de la source traversait la route de manière visible dans une sorte de gué, qui gelait l’hiver.  Il y avait un grand puits-chapiteau, en pierre, juste à côté du lavoir. Tous les habitants du village venaient se ravitailler à ce puits pour ramener de l’eau potable à la maison. Pour arroser le jardin, ils puisaient directement l’eau dans le lavoir. Le puits a été démoli par les allemands, dès leur arrivée en 1940 et remplacé ultérieurement par une pompe.

Le lavoir, constamment rempli d’eau, était un lieu d’activité domestique très fréquenté. Les lingremaises s’agenouillaient, autour dans des cases en bois. Chaque femme apportait son propre garde genoux et le remportaitla lessive terminée. Les lavandières se penchaient sur la margelle formée de grandes pierres plates. Ces pierres sont toujours visibles aujourd’hui. Il fallait attendre que l’une ait fini pour prendre place à son tour. Le linge était jeté dans l’eau, puis frotté au savon de Marseille. Il était ensuite tordu et plié plusieurs fois. Enfin il était battu avec un battoir en bois sur la pierre à laver, afin de l’essorer le plus possible. Si l’eau du lavoir était blanche et savonneuse le soir, elle se purifiait pendant la nuit et redevenait plus claire chaque matin, en raison du débit important de la fontaine. Une fois par semaine, le samedi, un clapet était soulevé et le bassin se vidait entièrement pour se remplir le dimanche. Le lavoir était le lieu où les femmes pouvaient se réunir, causer entre elles, plaisanter ou se disputer, et surtout, partager toutes les nouvelles locales. C’était aussi  le lieu où les jeunes filles de Lingreville et des communes voisines venaient y plonger directement leur trousseau neuf. Ces jeunes filles qui  avaient de nombreuses paires de draps fraichement brodés, des chemises et des torchons par douzaines venaient tremper leur linge au lavoir. Certaines femmes allaient ensuite étendre leurs draps, directement sur le jonc dans les dunes, là où l’air pouvait circuler dessus et dessous, comme un bon séchoir naturel. Les femmes du Mesnil ramenaient leur lourde lessive dans une brouette en bois.  D’autres lavandières qui arrivaient de plus loin, se faisaient accompagner. Les hommes qui amenaient leur fille ou leur épouse en voiture à cheval, attendaient que l’opération soit accomplie en prenant un verre et en devisant à l’épicerie-café du Mesnil, juste en face de la fontaine. Marie Piston, la patronne tenait bien son commerce, puis ce fut Mme Décathéaugrue. A partir des années 1960, les lave-linges sont apparus dans les maisons. Le lavoir s’est  désertifié.  Il a continué de servir pour laver les seiches après la pêche. Parfois, il a même été vu des anguilles frétillant dans le bassin. Pendant la sécheresse de 1976, ce fut la seule source de Lingreville qui n’a pas tari. Beaucoup de lingremais sont donc venus s’y ravitailler pour leurs bêtes ou pour leurs champs en remplissant des tonnes à eau. Mais depuis le creusement, en 1977,  de puits artésiens pour l’irrigation collective, il y a eu un changement de circulation de l’eau dans les fossés. La source ne coulait plus au milieu du lavoir mais dans des buses sous la route. Seul un creux, venant du Sud continue d’alimenter irrégulièrement le bassin actuel. Le tarissement de la fontaine a entrainé, au départ quelques conflits entre voisins qui s’en disputaient l’accès. Aujourd’hui le lavoir est le plus souvent à sec, il en reste la construction carrée avec ses grandes pierres à laver inclinées vers le centre du bassin. Le lavoir du Mesnil reste visible en bordure de la rue de Chausey,  au niveau du n° 15, à gauche en descendant vers la mer.  Quelques uns aimeraient voir ce patrimoine local remis en valeur. Ne serait-il pas possible d’aménager une petite dérivation de l’eau de cette source toujours existante? Le flux pourrait alors agréablement reprendre son cours d’Est en Ouest en traversant à nouveau ce lavoir. Tout au moins, ces belles pierres de granit gris bleuté, méritent d’être embellies et soignées pour être à nouveau admirées. Elles sont  témoin d’une activité sociale lingremaise très ouverte, ancien lieu de vie et de rencontres.